Borris aime les jeudis soirs, quand il dessine avec deux copains, à la recherche des blancs d'ivresse et d'amitié, sur la Butte Montmartre
Borris
Sa dernière parution : Charogne (Glénat)
crédit Wassim Boutanos
Le "nez" de Onzième Sens
Avec Borris, c'est toujours une histoire de blanc, de noirs et blancs. Celle d'une soirée bue d'un trait sur la Butte aux Cailles, un soir de novembre dans un vent d'est coupant qui obligeait au refuge dans un bistrot avec d'autres camarades (dont Guillaume Audru, autre rescapé de cette aventure, et contributeur, aussi, de cette première cuvée). À vrai dire, on ne se souvient plus trop ce qu'on a bu alors, mais c'était joyeux, et c'était l'essentiel. En revanche on ne peut pas oublier le trait de Borris, celui notamment, sombre, contrasté, itinérant, de "Charogne" (avec Benoit Vidal / Glénat / Prix 2019 "Quais du Polar"), l'odyssée cruellement drôlatique du cercueil d'un premier édile, dans une nature diablement hostile sous la pluie battante, infestée de "locaux" pittoresques (une histoire française, quoi, la loose, mais presque gaiement, et en râlant...). Pour ouvrir "Avec ou sans bulles", l'espace BD du site, on a immédiatement à Borris. Il nous a répondu tout aussi spontanément. Très pris par son prochain projet (pour janvier...), il a légitimement procrastiné, et finalement, s'est dit que c'était préférable de dessiner sur un coin de table, dans un bistrot de Montmartre, en buvant du blanc, son privilège et sa préférence, sa douce euphorie...
L'académie des Beaux Bars, par Borris
Le jeudi soir (quand nous ne sommes pas en temps de confinement/couvre-feu), nous sommes trois à dessiner dans des bars parisiens. Un urbaniste, un informaticien et un dessinateur de bande dessinée. À une autre époque, je dessinais dans des ateliers des Beaux-arts. C'est très bien les modèles vivants, c'est structurant, excitant, toujours étonnant, mais, il faut bien se rendre à l'évidence, je dessine rarement des allégories en toge dans mes bandes dessinées.
Alors, on est sorti le soir. Pour voir des gueules, des vêtements, des plis, des mouvements, de la vie. Pour n'être qu'un oeil, qui capte les détails, et se refaire une virginité en dessin, éloigner les tics, accepter les accidents, ne pas construire, laisser la main glisser. Autant dire que...
On a le droit de boire !
Carnet noir, feuille blanches, pinceau noir, verre de blanc.
Du blanc ! À cause d'un sauvignon de Chaumont-sur-Loire qui m'a cueilli un jour dans un accord tomate-cerise/comté (je suis toujours à la recherche de cette sensation proche de l'orgasme).
Pour l'ivresse aussi. Le vin blanc sec provoque chez moi une espèce d'euphorie, de joie de la parole. Je me damnerais pour ces moments de conversations sans but, avec ces allers-retours, ces antiennes, ces nouvelles, ces étonnements, ces rigolades (oui, on peut dessiner et parler en même temps) ...
Je résume...
Pinceau noir et verre de blanc, laisser glisser la main sur le papier...
Être léger...
Borris
Borris ne va pas s'en tirer comme ça... Comme il raffole de blancs vaguement enivrants, et que l'Est parisien subit déjà les assauts de l'été, on lui rendra bientôt visite, dans son atelier, pour goûter à la fraîcheur d'un blanc de Provence, 100% roussane, celui de la cave de Lumières, dans le Luberon, dont on connaissait déjà l'irréprochable viognier... Cette cuvée si claire, gorgée de pamplemousse frais, nous a accompagnés pour l'assemblage (plutôt laborieux, il faut l'avouer, le littéraire de l'équipe n'étant pas aidant...) de ce blog un soir de fin juin, sous la tonnelle, et surtout nous n'avons rien regretté...
C'est quoi ce truc si frais, si délicatement fruité ?
Cuvée "Roussanne" / gamme "Les décalés" - ça nous va bien !
Cave de Lumières
19, route de Joucas • 84220 Goult • 0490722004
© matthieu prier
Et aussi, pour la convivialité et les sourires des vignerons, sur le marché de Coustellet tous les dimanches matins, à côté du stand de Roger, le berger poète !
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