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Photo du rédacteurSimonetta Greggio

La dégustation de Simonetta Greggio au Domaine de Lauzières

Simonetta Greggio prépare sereinement la rentrée littéraire dans les Alpilles au Domaine de Lauzières, à la découverte de limpidité...


 

Simonetta Greggio


Sa prochaine parution : Bellissima (Stock)


Peinture © Giulia Andreani Miss Europa (2014), acrylique sur toile


 

Le "nez" de Onzième Sens


S'ouvrent entre deux lames calcaires des Alpilles les 80 hectares d'un seul tenant du domaine de Lauzières. C'est une terre onirique, touchée par la bénédiction. Les vins de Lauzières font partie de la confrérie des vins d'exception désormais cultivés dans ce massif rugueux et poétique. Les cuvées ressemblent à cette montagne. Ciselées, limpides, comme a su les équilibrer Noemi Schudel, oenologue des lieux, jouant sur une quinzaine (au moins) de cépages. Début juin, Simonetta Greggio, s'est heureusement égarée, sur la route entre Eygalières et Mouriès, dans ce vallon éclairé d'une lumière d'entre deux saisons. Elle s'est laissée entraîner par Gilles Reymond, le passionné directeur commercial du domaine, guidée d'abord sur les hauteurs du vignoble, puis au coeur de chais immaculés, dans le secret de l'acier et du béton. Longtemps après que le domaine ait fermé ses portes, la dégustation se poursuivait, découverte de vins bios et natures griffés de précision et de sincérité.


Simonetta et Gilles Reymond, directeur commercial du domaine... ©credit photo matthieu Prier


Simonetta Greggio est de retour. Et elle revient pour sa saison favorite, la rentrée littéraire, en cette fin d'été qui lui va si bien, elle qui aime chantonner dans son accent vénitien lorsqu'elle quitte un littoral de soleil : "Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés...". Elle a publié pour amorce de carrière insolente "La douceur des hommes" (Stock) et ne s'est jamais départie de cette mélancolie vagabonde, celle des déracinés cependant toujours chez eux n'importe où sur cette terre. Son oeuvre est gagnée d'humanité, de juste délicatesse, et de plaisirs quotidiens. Aussi généreuse et élégante à sa table que dans son écriture, Simonetta aime, plus que tout, les repas aux conversations animées (souvent très), et les grands vins blancs. C'est donc naturellement qu'elle ouvre ce blog, dans la juste lumière de Provence, où elle réside. En août prochain sera publié chez Stock, le dernier opus de sa trilogie italienne. Après "Dolce Vita" et "Les nouveaux monstres", voici "Bellissima" (évidemment), pour couronner une suite noire liée à son propre destin, décliné dans une Italie majestueusement crépusculaire et tourmentée. Productrice à France Culture pour les "Grandes Traversées", elle revisitera cet été, après celles de Virginia Woolf et Brigitte Bardot, la silhouette de Mussolini. Avec Simonetta, "Nous reviendrons faire la fête aux crustacés, de la plage ensoleillée...", avec du vin blanc éclatant, c'est certain.


©credit photo matthieu Prier


Un soir, au Domaine de Lauzières, par Simonetta Greggio


Fraîcheur, rectitude, douceur - ce n’est pas un profil pour site de rencontre énumérant les qualités d’une âme jumelle, mais les termes qui reviennent régulièrement lorsqu’on parle des vins élevés au Domaine de Lauzières : la fraîcheur est celle qui reste en bouche – propre, précisent les blogs spécialisés – des vins produits par ce domaine enchanté. La rectitude, également évoquée, reconnait cette vertu alliant honnêteté et bonté. Vient enfin la douceur, en relation au monde et au principe de vie.


Le Domaine de Lauzières, donc. Comme autrefois les moines choisissaient les plus beaux emplacements pour ériger leurs abbayes, en y apportant connaissances terriennes et spirituelles, ceux qui ont choisi de s’occuper du domaine sont à la fois chanceux et réquisitionnés par leur tâche. La responsabilité et l’exigence du meilleur - qu’il faut mériter.


Simonetta et Gilles, au coeur du chai ©credit photo matthieu Prier


Ici, tout a été reconverti en biodynamie, timidement au début car « rien ne se crée en un jour », puis, depuis 2015, totalement et sans regrets. Cela fait des années maintenant que le visiteur est accueilli, après avoir franchi la grande grille envahie de jasmins, par de vieux oliviers d’un côté (l’huile du domaine est une merveille pour palais avisés) et d’impeccables rangées de vignes taillées en lyre de l’autre. Entrer ici, c’est respirer dans un univers équilibré. Partout, sur cette terre pacifiée, longuement travaillée, le végétal vit heureux – et l’homme et l’animal, en paix.


« Entrer ici, c'est respirer dans un univers équilibré »

Brièvement, (et avec de la chance, car elle est aussi fugace et sauvage que le renardeau venu renifler les nouveaux arrivés) on y est accueillis par l'œnologue suisse allemande en charge des nectars de Lauzières, Noemi.


On peut y rencontrer aussi celui qui veille sur les vignes, qui en connait les saisons, le rendement et la vigueur, ainsi que les plus petits bobos. Plus longuement, on est conduits par un troisième guide, Gilles, qui vous prend par la main et vous raconte les différents lieux où l’alchimie de ces rosés de rêve, de ces rouges profonds et vivaces, de ce blanc de cristal, se fait ; dans l’ombre des caves où veillent deux énormes coques remplies d’améthystes, on parcourt des espaces aussi immaculés que des salles d’opération, pour arriver enfin à cet endroit étrange, presque un décor de science-fiction - occupé par un double alignement d'œufs en béton dédiés à l'élevage de deux cuvées ("Sine Nomine" et "Apogée"). On se dit que les secrets qui permettent à une grappe de raisin gorgée de soleil de se transformer en un de ces vins charmants tiennent à la fois de la magie et de la mathématique. On passe ensuite à la dégustation de l’"Astérie", un blanc de grenache blanc et clairette, cuvée numérotée en fonction du calendrier hébraïque. Viennent après l’"Équinoxe" rosé, grenache, cinsault et carignan, le "Solstice", AOC des Baux-de-Provence, rouge, grenache, syrah et mourvèdre.


Le "Sine Nomine", issu de petit-verdot et grenache noir, relève aussi d'une rare découverte, et lorsqu’on arrive à la cuvée "Mourvèdre", avec moins de 10 mg/l de soufre, on se dit que l'on a trouvé un vin irréprochable, un vin qui dispense le genre de plaisir dont on ne garde, le jour suivant, qu'un souvenir serein.


©credit photo matthieu Prier


Passé et futur réconciliés dans un présent quasi biblique, l’après-midi passé au Domaine de Lauzières restera, pour moi, l’un de ces moments où la joie d’être vivant, nez au vent, (odeurs de genêts, de terre chauffée, de lavande et de menthe sauvage) est plus forte que tout : l’accord de l’homme avec la nature, une forme de respect, la fierté d’avoir créé ce qu’il y a de meilleur, et, quand vient le soir, la douceur de fermer les yeux, apaisé.

Simonetta Greggio


©credit photo matthieu Prier


... Et, heureuse surprise, Simonetta Greggio était accompagnée de son éditrice et complice de toujours, Capucine Ruat. Capucine, éditrice de Laurence Tardieu, Aurélie Philipetti, Nina Bouraoui, Colombe Schneck, Philippe Claudel, Didier Decoin, mais aussi découvreuse de jeunes pousses, et de vrais talents de la nouvelle garde littéraire française... a craqué pour le "Mourvèdre" sans sulfites, qu'elle a glissé dans son sac de voyage...


La promesse, par Capucine Ruat


Alors que le train emporte au loin, au loin d’Avignon, des Baux-de-Provence, au loin d’une dégustation au Domaine de Lauzières, dans la chaleur d’un jour de juin, il y a cette bouteille glissée dans le sac, et le souvenir des oliviers, de la garrigue, d'une mer à l’horizon.


D'un silence profond.

Ce rouge pur et doux nommé Mourvèdre, élégant et évident, subtilement aromatique, vinifié naturellement, vendangé sur une terre d’argile et de calcaire, est récolté manuellement la nuit. En le buvant on puise dans un terroir, un savoir-faire, une passion, une aventure.


Le blanc et le rosé ramènent à l’été, aux heures brûlantes et indolentes, mais ce rouge-là va plutôt inspirer une soirée d’automne ou d’hiver, seule, à lire un manuscrit, à tourner les pages d’un roman de Simonetta Greggio, en se disant que les vins et les mots tissent des liens d’évidence et de mystère, ou dans la douceur de l’amitié, d’un dîner tendre, plein de rires ou de larmes.


Il va aussi annoncer les heures allongées du printemps, du retour de la lumière, la tête toujours légère de l’avoir goûté.


Alors que le train emporte au loin, au loin des lavandes en fleurs, des champs de coquelicots, des vols de tourterelles, d’une maison et d’un jardin qui m’ont si bien accueillie, il y a cette bouteille précieuse glissée dans le sac.


Comme une promesse de vie.


Capucine Ruat


 

Le domaine

Domaine de Lauzières

Le Destet 13890 Mouriès • 0490476288




Depuis qu'elle en est revenue, Simonetta Greggio conserve le souvenir ému des cuvées rosées "Apogée" / 100% petit verdot et "Équinoxe" / 91% grenache noir avec pincées de cinsault, counoise et mourvèdre, et, dans un soupir las, la diva regrette l'extinction (victime de son succès) de l'"Astérie" / grenache blanc et clairette.


Capucine Ruat a flashé pour la cuvée "Mourvèdre sans sulfites" (100% mourvèdre), un éclat en bouche, sur le fruit de Provence.


Des remerciements enthousiastes (c'était notre première sortie !) à toute l'équipe du domaine, Martine, Antoinette, Noémi, et Gilles, notre élégant sherpa entre les vignes !









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